Présentation

Visite virtuelle

En complément des explications suivantes, vous pouvez profiter d’une visite immersive de la chapelle et vous y promener virtuellement pour découvrir tous les détails.

Architecte

Pierre-Marie BOSSAN

Pierre-Marie BOSSAN – 1814-1888

Né à Lyon en 1814, élève d’Henri Labrousse (architecte à Paris, de la Bibliothèque nationale), Pierre-Marie Bossan édifia pas moins d’une quarantaine de constructions religieuses, et seulement trois édifices civiles.

Outre Notre Dame de Fourvière à Lyon –qui est sans conteste son chef d’œuvre– on lui doit la basilique de Saint François Régis à La Louvesc (Ardèche), les églises de Couzon au Mont d’Or (Rhône), Nadax, Régny et Neulisse (Loire), Villemotier (Ain), ou encore Marsanne (Ardèche).

Pour les dominicains, il construisit la chapelle d’Oullins et une église à Marseille (Bouches du Rhône).

Jusqu’en 1853, ses constructions restent marquées par les styles néo-gothique ou néo-roman. Ce n’est qu’après son voyage en Sicile et sa conversion par le curé d’Ars en 1852 qu’il se démarque nettement des courants contemporains : il rejette alors autant le gothique archéologique –qui, pour lui, ne peut être assimilé à une authentique création – que l’éclectisme, dans lequel il ne voit qu’un amalgame d’éléments empruntés à tous les styles et à tous les systèmes. S’il se nourrit du passé, il veut créer un art nouveau dans lequel puissent s’exprimer ses préoccupations religieuses et symboliques. La conception de la basilique d’Ars se situe à ce tournant de sa démarche artistique et spirituelle. La démarche spirituelle de Bossan, trouve une atmosphère propice dans le milieu artistique lyonnais de la deuxième moitié du XIXème siècle. Dans le prolongement de l’école mystique du début du siècle, un groupe d’artistes se constitue, qu’animent la même ferveur et la même volonté de renouveler l’art chrétien. L’église d’Ars, plus que tout autre, se révèle être le terrain privilégié de cette recherche.

La Chapelle

Façade avant de la chapelle en septembre 2020 lors des Journées du Patrimoine

La construction de la chapelle de Saint-Thomas d’Aquin à Oullins débute l’année 1861 ; sa décoration a été terminée en 1888.

Elle s’élève isolée sur un terrain incliné, à l’angle d’une terrasse, et se détache sur un rideau de grands arbres, plantés à l’époque où les bâtiments du collège appartenaient aux archevêques de Lyon.

La silhouette de ce monument gracieux est dominée par un clocheton ajouré, posé en encorbellement. La porte s’abrite sous une archivolte saillante où, sur deux plans différents, s’étalent de riches palmettes ; des anges en supportent la retombée. Au tympan, est représenté le Christ debout, dont saint Thomas d’Aquin et saint Jean agenouillés recueillent les paroles ; la ligne horizontale à hauteur des anges est fortement accusée par une large frise ornée, qui donne à la façade une assise ferme, sobre et élégante.

Statue du Christ au tympan.
Détail d’un ange portant un blason aux initiales de Saint-Thomas d’Aquin

Au-dessus du portail, quatre fenêtres conjuguées, aux arcs trilobés, s’ouvrent dans le nu du mur. Le transept est ajouré par trois baies accolées, la nef par des fenêtres jumelles. Une simple rosace aveugle et la corniche qui pour tourne l’édifice suffisent à l’ornementation d’un chevet carré. Les murs de la façade et du transept, couronnés de pignons, ont leurs angles abattus en chanfrein. Le pan coupé se rachète, à sa partie supérieure, par une console, et une élégante colonnette supporte la saillie de l’encorbellement.

Le haut de la façade avant de la chapelle

À l’entrée du sanctuaire, nous pouvons voir deux plaques de marbre :

  • Une gravée au nom du Père Thierry de Saint Beaussant, inhumé en ce lieu. Il donna à Lacordaire une maison à Nancy qui fut le premier couvent dominicain après la révolution.
  • Sur l’autre plaque est gravée Abbé Jean Baptiste Bourgeat, épitaphe due à Lacordaire. L’abbé enseigna la philosophie.

L’intérieur se compose d’une seule nef de cinq travées, ainsi constituées : à 3m70 au dessus du sol, de robustes consoles surplombent des pilastres carrées et supportent des colonnettes isolées du mur ; celles-ci reçoivent les doubleaux de la voute d’arêtes et des arcs formerets très puissants, qui contribuent ainsi à la stabilité de la voûte, en même temps qu’ils fournissent un élément important à la décoration.

La nef après avoir passé la colonne de l’entrée

À l’entrée du transept, l’arc triomphal est supporté de chaque côté par une colonne qui se combine avec une petite travée plus étroite, contrastant d’une façon heureuse avec l’ampleur du transept.

Un ciborium, élevé au dessus de l’autel majeur est caractérisé par l’absence d’arcades ; il porte une figure de l’enfant Jésus docteur. Sur l’autel, les émaux et des figures d’anges en bronze se mêlent à la pierre finement refouillée.

Les autels latéraux sont aussi ornés de bronzes et d’émaux : il sont dominés par des niches, d’une composition en harmonie avec celle du ciborium, et qui abritent, à droite, la statue de Saint-Thomas d’Aquin, à gauche, celle de la sainte Vierge. Les crédences appliquées au mur de fond sont du dessin le plus pur et le plus délicat. La tribune d’orgues, sur la porte d’entrée, repose sur deux grands arcs surbaissés se rejoignant sur une colonne trapue qu’entoure la vasque d’un bénitier. Notons les angles à pans coupés de cette tribune et l’élégante corniche de feuillages qui la soutient.

Une boiserie continue, interrompue seulement par les pilastres séparant les travées, règne à l’intérieur. Au-dessus, se déroulent de vastes compositions peintes par Paul Borel. Les figures sculptées sont de M. Dufraine, professeur à l’Ecole des Beaux- Arts de Lyon, la décoration peinte est de M.J. Razuret.

La nef est longue de 35 m, large de 9m70. L’autel majeur a 2m de long ; les petits autels ont 1m80. Le ciborium a 7m de haut ; la colonne entourée par le bénitier, 1m83.Voici l’indication des principaux sujets peints ou sculptés qui entrent dans la décoration intérieure de l’édifice.

NEF

Côté droit. – Les peintures qui ornent ce côté de la chapelle ont pour motif le mystère de l’Eucharistie, source de force pendant la vie.

  • 1ère travée : Moïse faisant sortir l’eau du rocher
  • 2ème travée : La conversation de Jésus avec les deux disciples d’Emmaüs
  • 3ème travée : L’arrivée à l’hôtellerie
  • 4ème travée : La cène d’Emmaüs
  • 5ème travée : La disparition du Christ

Dans la plate bande au dessus des peintures « Demeurez avec nous, car il se fait tard et déjà le jour est sur son déclin. Et il entra avec eux. Or, il arriva, pendant qu’il était à table avec eux, qu’il prit du pain, le bénit, et il leur présentait. Alors leurs yeux s’ouvrirent » (Saint Luc XXIV – 29-30-31).

Au dessus des fenêtres, cinq médaillons, les anges gardiens associés au pèlerinage de la vie et tenant un bourdon de pèlerin.

Côté gauche. – Toute la décoration de ce côté de la chapelle a trait aux péripéties de la vie, où l’âme, dans sa lutte contre le mal, a pour auxiliaire la prière, la dévotion à la sainte Vierge, le secours divin, et les anges protecteurs.

Grandes peintures : les guérisons évangéliques.

  • 5ème travée : La guérison des aveugles de Jéricho
  • 4ème travée : La résurrection du fils de la veuve de Naïm
  • 3ème travée : La guérison du possédé
  • 2ème travée : La guérison du lépreux
  • 1ère travée : Le jeune Tobie guérissant son père

Dans la plate bande au-dessus des peintures : « Je suis en eux et vous en moi, afin qu’ils soient consommés dans l’unité et que le monde connaisse que c’est vous qui m’avez envoyé et que vous les avez aimés comme vous m’avez aimé. Mon père, je veux que là où je suis, ceux que vous m’avez donnés aussi avec moi afin qu’ils voient la gloire que vous m’avez donné. » de l’évangile selon saint Jean.

En haut et faisant face aux anges pèlerins, cinq anges gardiens.

Voûte. – Trois médaillons peints.

  • Celui du milieu représente le serpent d’airain ;
  • celui de gauche, une cuve baptismale,
  • celui de droite, un globe terrestre entouré de nuage et surmonté d’une étoile.

Chapelle de saint Dominique

Elle est située dans le bras droit du transept.

Sculpture, au-dessus de l’autel. – La statue de Saint-Dominique

Statue de Saint-Dominique

Peinture. – Sujet principal, le miracle des saintes espèces – Saint-Thomas d’Aquin dépose sur l’autel le manuscrit de son traité des espèces surnaturelles. Le crucifix s’abaisse et se pose sur le manuscrit ; Saint-Thomas d’Aquin entend ces paroles : Bene scipsisti de me Thoma.
Plusieurs religieux assistent à ce miracle.

Le Miracle des saintes espères

À gauche, Saint-Vincent Ferrier. – Il tient une tête de mort et est représenté avec ses attributs traditionnels, les ailes et la trompette, comme prédicateur des fins dernières et du jugement.

À droite, saint Hyacinhe de Pologne. – Il emporte les vases sacrés et la statue de la sainte Vierge, et traverse le Dniéper, en marchant sur les eaux, pour fuir l’invasion des Tartares.

À la voûte, les emblèmes de l’Eucharistie.

Au-dessus de la fenêtre, deux anges lisant un texte relatif à l’Eucharistie.

Représentation des deux anges

Au-dessus de la petite porte, Saint-Pierre de Vérone. – Ils tient le crucifix et fait le signe de la croix, Saint-Pierre de Vérone, qu’on appelle aussi saint Pierre martyr, tomba sous les coups d’assassins hérétiques et mourut en écrivant à terre avec les doigts les premiers mots du Credo.

En face, sainte Catherine d’Alexandrie. – Martyre, protectrice de l’Ordre de Saint Dominique ; à ses pieds, les fragments de la roue armée de crocs de fer, instrument de son supplice.

Au-dessous, Saint-Thomas d’Aquin lisant à Saint-Bonenvature l’office du saint sacrement. – La tradition raconte que les deux saints furent chargés par le pape de composer cet office, et Saint-Bonenvature n’hésita pas à reconnaître la supériorité du travail de saint Thomas.

Chapelle de la sainte Vierge ou du Rosaire

Elle se situe dans le bras gauche du transept.

Sculpture. La statue de la Vierge Mère

La statue de la Vierge Mère

Peinture. – Sujet principal : L’institution du rosaire. Le rosaire est remis par la sainte Vierge à saint Dominique ; derrière le saint, l’archange saint Michel, armé tient l’étendard de l’ordre de saint Dominique.

L’institution du Rosaire

À droite, le pape Saint-Pie V. – Il tient le rosaire.

À gauche, Sainte-Catherine de Sienne. – Elle tient également le rosaire.

En haut de la paroi faisant face à l’autel, Sainte-Marie-Madeleine. – Sainte-Marie-Madeleine, protectrice de l’ordre de saint Dominique, est assise dans des rochers et presse la croix dans ses bras.

Au-dessus de la fenêtre, deux anges. – Ils sont armés de boucliers et croisent le fer, allusion au rosaire, arme et défense de l’Eglise.

À la voûte, l’image d’un sanctuaire où brûle une lampe.

Chœur

Sculpture. – Une statue de l’enfant Jésus docteur est sculptée sur la face principale du ciborium.

Peinture. – Au-dessus de la porte de la sacristie, une figure nimbée, tenant un vase où brûle de l’encens, et représentant la prière.

En face. – Au-dessus de la porte de la sacristie, une figure nimbée tenant une ancre à ses pieds, et représentant la vertu d’espérance.

Sur la plate-bande qui accompagne l’arc de la voûte, au dessus du ciborium sont peints neufs chérubins.

Au dessus, à l’arc d’intersection, trois médaillons renfermant :

  • Celui du milieu, la croix voilée par le linceul
  • Celui de gauche, l’image du cénacle
  • Celui de droite, le calice surmonté de l’hostie.

Enfin, sur la paroi est peinte une inscription commémorative de tous les défunts de l’école : fondateurs, religieux, maîtres, élèves, serviteurs.

Cette partie de la chapelle recouvre le caveau où sont déposés les restes des religieux et maîtres du collège.

Tapis de chœur. – Au sol, un tapis au point de croix complet confectionné par des religieuses d’après le dessin de Razuret célèbre décorateur qui conçut aussi les dessins de la décoration générale. Le tapis constitué de carrés réalisés par les mères des élèves, épouses des anciens élèves et assemblés.

Au centre le blason noir et blanc de l’ordre dominicain orné des attributs traditionnels :

  • Le chien apportant la lumière, la vérité (la torche enflammée) au monde (le globe)
  • La palme du martyr et le lys de la pureté
  • Le rosaire, signe de la dévotion de l’ordre dominicain à Marie.Aux quatre angles du tapis, les blasons des quatre collèges dominicain de garçons de France au XIXème siècle :  – Blason bleu avec un soleil d’or, école Saint-Thomas d’Aquin à Oullins (Esto Vir)
  • Blason comportant un phare, école Saint-Elme à Arcachon (Aide toi, le ciel t’aidera)
  • Blason marqué d’une croix rouge et de la palme du martyr (celui du Père Captier et de 12 autres membres du personnel religieux et laïc du collège en mai 1871) école Albert le Grand à Arcueil.
  • Blason dominicain avec la croix du languedoc, école de Sorèze dans le Tarn (Religioni, Artibus, Armi)

Fresques de la chapelle de Paul Borel

Le 12 février 1828 naissait à Lyon André Marie-Paul Borel, fils et petit fils de négociants installés dans la Drôme. Le père de Paul Borel meurt en 1838. C’est la grand-mère qui prend à sa charge les deux frères , Léon né en 1826 et Paul. Les deux enfants entrent au collège d’Oullins fondé en 1833 par les pères dominicains pour aider les vocations littéraires et artistiques.

Dés 1848, ayant fait la connaissance de Gounod, il s’efforcera de modifier l’enseignement de la musique au collège d’Oullins, dont il deviendra le bienfaiteur. Son frère meurt en 1848. Une crise de conscience s’ouvre pour le jeune homme : sera-t-il prêtre ou artiste ?

Il se lie profondément avec Louis Janmot, Laprade, Yéméniz et le Docteur Faivre. En 1849, attiré à Paris par la présence de Janmot, il étudie les classiques du Louvre. En 1852, Borel et Janmot, comme tous les autres artistes de la capitale vont chercher en Italie une source d’inspiration nouvelle : Pise, Rome, Naples et Pompéï retiennent les deux amis.

À Paris, en 1855, Borel fréquente ses amis Ranvier et Irénée Richard de l’Académie Suisse. Il revient à Rome en 1856, se plonge dans l’étude des Catacombes de Sainte Calixte et se marie la même année. Deux ans plus tard, son épouse meurt à Hyères. De cette époque dateront ses premières peintures murales consacrées à la vie de l’Abbé Vianney, curé d’Ars.

Un héritage familial important en 1860 permettra enfin à Paul Borel de se réaliser : il entame la décoration de la chapelle d’Oullins qu’il mettra plus de vingt ans à terminer.

La mort de tous ses amis, Flandin en 1861, Duclaux en 1868, Daubigny en 1878, Ponthus-Cinier en 1885, Louis Hector Allemand en 1886 mais surtout Louis Janmot en 1892 et Ravier en 1895 n’interrompra pas cette activité fébrile de Paul Borel qui, après Ars et Oullins, décorera la chapelle des Augustines à Versailles, les églises Saint Paul et Saint Joseph à Lyon.

De 1907 à 1913, Paul Borel gravera les cuivres de reproduction de ses peintures murales d’Oullins. Il en terminera onze, la douzième restera inachevé à sa mort.